Les gonds

Paul Hōjō Pichaureau

2 septembre 2023, 20 h

Vérifiez que vous mettez bien le poids du corps sur les genoux.

Cambrer légèrement la colonne vertébrale tout en bas du dos amène du poids sur les jambes. On tire les épaules légèrement en arrière et on redresse bien la tête, de façon que le poids de la tête soit bien à la verticale de la colonne vertébrale et le poids du corps bien à la verticale du bassin. On peut alors laisser tomber le poids du corps, et lorsqu'on peut laisser tomber le corps on peut laisser tomber l'esprit.

Quand on est bien installé dans notre posture, il y a moins besoin de s'en soucier, il y a moins de douleurs, de tensions ou de déséquilibres qui nous préoccupent. Lorsqu'on laisse passer ses pensées, il n'y a pas la pensée d'une douleur ou la pensée d'une tension qui nous revient immédiatement. C'est pour cela que je dis que si l'on peut tomber le corps on peut laisser tomber l'esprit.

Dans notre école, il n'y a pas de notion de posture « exacte » ou de posture « parfaite ». Parce que dans le bouddhisme, il n'y a rien d'exact ou de parfait. Il y a la posture transmise et enseignée par les maîtres depuis 2000 ans, vécue de l'intérieur par les maîtres, zazen après zazen, sesshin après sesshin. Revenir à cet enseignement, suivre ces indications, c'est tout simplement revenir à l'enseignement des maîtres.

Le philosophe Wittgenstein parlait de la confiance et disait qu'il fallait bien commencer par faire confiance à quelqu'un parce qu'il fallait un point d'appui. Il prenait l'image d'une porte et disait : « Si je veux que la porte tourne, il faut que les gonds soient fixes ». Je trouve que c'est une excellente métaphore de zazen. L'enseignement des maîtres peut nous sembler obscur, malgré notre conviction qu'il contient un trésor. Pour l'explorer, il faut bien commencer quelque part. Alors on commence par zazen, on fait confiance à zazen, on se donne totalement à zazen. Même si le reste est obscur, cela fait un point fixe. Ce sont les gonds, et pour reprendre une image de maître Dōgen, à partir de ces gonds-là le couvercle de notre trésor peut s'ouvrir.

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