« Shikantaza », la simple assise
5 mai 2023, 20 h
A la fin de son texte sur la théorie des trois sortes de zazen, maître Keizan dit :
« De toute manière, pratiquez zazen, tout simplement. Il n'y a pas de pratique plus élevée que zazen, il n'y a pas de mérite plus élevé que celui acquis en pratiquant zazen. Même la construction de cent ou cent mille pagodes est un mérite inférieur que celui obtenu par la pratique de zazen. »
Et en effet, on pratique zazen sans avidité, sans chercher à obtenir quelque chose ou devenir quelqu'un, sans chercher à se faire admirer, aimer ou féliciter par les autres. On abandonne nos idées préconçues et nos vues inexactes, on cesse d'agir pour faire gonfler notre ego, le temps d'un zazen, simple assise, tel qu'on est. Comment pourrait-il y avoir une pratique plus élevée que celle-ci ?
Bien sûr il y a des mérites immenses à pratiquer zazen. Mais le plus incroyable est que très peu de ces mérites sont tournés vers nous qui pratiquons. Plus tard, dans nos relations avec les autres, dans nos pensées et nos actions, zazen aura peut-être une influence imprévue, surprenante, incertaine, et alors nous verrons ces mérites en actions, pour les gens autour de nous, ou pour l'univers entier pourrait-on dire.
Pratiquer zazen c'est se familiariser avec muga, le non-égo, et avec mushin, le non-esprit, c'est-à-dire notre esprit au-delà de nos idées personnelles, de nos points de vue erronés, au-delà de l'idée que l'on se fait de soi, d'une illusion, un mirage, une tromperie. On se familiarise avec notre nature profonde et avec notre sagesse hannya haramita, la sagesse qui va au-delà et dépasse l'ignorance.
Hannya est toujours là, toujours présent mais recouvert par notre flux de pensées illusoires permanentes. Faire zazen c'est apprendre à se détacher de ce flux et à ne pas s'identifier à lui, à ne pas s'y soumettre. Et à la fin c'est la grande liberté. On n'a rien fait disparaître, rien n'a été vaincu, on n'a pas détruit notre égo ou réformé notre personnalité, etc. rien de ce genre de fadaises.
Tout est toujours là mais on en est libéré.
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