« Théorie des trois personnes qui font zazen » (fin)
7 mai 2023, 20 h
La conclusion de la « Théorie des trois personnes qui font zazen », de maître Keizan :
« Aucune pratique, quelle qu'elle soit, ne peut être comparée à zazen. Si un seul mérite est acquis par zazen, il est plus important que la construction de cent, mille ou cent mille monastères. Pratiquer zazen, c'est s'asseoir sans cesse et, ce faisant, se libérer de la naissance et de la mort et réaliser sa propre bouddhéité cachée. Dans une parfaite aisance, aller, rester, s'asseoir ou s'allonger, voir, entendre, comprendre et savoir sont tous des manifestations naturelles de la nature réelle. Du début à la fin, l'esprit reste l'esprit, au-delà de toute dispute sur la connaissance et l'ignorance.
Faites simplement zazen avec tout ce que vous êtes ».
On pourrait dire, me semble-t-il, que nous nous éduquons nous-mêmes par la pratique de zazen.
On éduque un enfant qui tombe et se blesse : « Ce n'est pas grave, ça va passer ». Il ignore d'où vient la douleur et comment y mettre fin. Alors on l'éduque, afin que plus tard, lorsqu'il éprouvera à nouveau une douleur, il sache qu'elle s'arrêtera et comment y mettre fin. On éduque un adolescent à faire face à des sentiments ou à des consciences de soi qui surgissent et face auxquelles il est démuni. On éduque intellectuellement un étudiant à faire face, par exemple, à des situations professionnelles complexes.
Et après ? Comment éduquer un adulte ? Par zazen !
On s'éduque soi-même. On apprend que nos pensées s'évanouissent d'elles-mêmes. On comprend que ce que l'on prend pour une idée vraie, juste, exacte est en fait une illusion. On apprend que ce qu'on a dans l'esprit est la résultante d'une multitude de causes et conditions et nullement d'une personnalité installée et figée. On apprend bien des choses simplement en pratiquant zazen, et après on sait faire face dans la vie. Le mérite infini de zazen est, selon moi, que, dans la multitude des circonstances de notre existence, nous avons cette éducation qui peut nous aider. On a le souvenir de notre pratique, le souvenir de notre corps, de notre respiration et de notre esprit en zazen. On peut être debout, assis, allongé, on peut être pris dans des émotions et des nœuds intellectuels, spirituels ou mêmes existentiels.
On dit d'un bon éducateur qu'il rend ses étudiants autonomes. Il ne leur dit pas quoi faire dans chaque circonstance mais il donne les moyens de faire face à chacune de ces circonstances. On ne sortira pas de nos problèmes personnels par zazen, on ne gagnera pas une satisfaction ou une certitude mais on gagnera les moyens de faire face à l'insatisfaction, à l'incertitude et à l'angoisse.
Il y a un âge pour apprendre aux enfants à ne pas pleurer lorsqu'ils ont mal, un âge pour éduquer les adolescents et les étudiants. Après il n'y a plus d'âge, c'est une éducation permanente, sans fin et surtout sans limite. Alors reprenons la dernière phrase de maître Keizan, faisons zazen tout simplement, avec tout ce que nous sommes.
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