« Le pouvoir spirituel du non-agir »
17 juin 2023, 20 h
Un extrait du Komyōzō zanmai (« La lumière du satori ») de maître Ejō.
« Il n'y a pas seulement le kōmyō du temps du zazen, il y aussi celui qui, pas après pas, acte après acte, nous fait progressivement voir que chaque phénomène peut être réalisé immédiatement, automatiquement, indépendamment de notre intelligence propre et de notre pensée personnelle. C'est le pouvoir spirituel du non-agir par la lumière qui s'illumine d'elle-même. Ce kōmyō est originellement non-substance, non existence. À l'heure de votre naissance, kōmyō n'existait pas, à celle de votre mort elle ne disparaîtra pas. »
Kōmyō signifie « claire lumière ». C'est le symbole de la sagesse du Bouddha. Ce n'est pas une sagesse qui nous est extérieure. On ne l'acquiert pas par zazen, on ne l'acquiert pas en lisant, en apprenant ou en pratiquant. On ne l'acquiert pas en étant ordonné moine ou en allant au Japon. En fait, on ne l'acquiert pas du tout, elle est déjà là.
Kōmyō est la lumière de notre esprit originel, avant de faire des distinctions, de dire « moi, je », avant de se perdre dans l'ignorance et l'illusion. Pratiquer zazen c'est écarter les nuages de l'ignorance, écarter les empêchements et trancher les bonnō, les pensées dérangeantes et laisser cette lumière nous éclairer. Ou plutôt nous laisser nous-mêmes produire cette lumière et nous éclairer nous-mêmes. C'est ce que dit maître Ejō au début :
« Kōmyō nous fait progressivement voir que chaque phénomène peut être réalisé immédiatement, automatiquement, indépendamment de votre intelligence propre et de votre pensée personnelle. »
Alors est-ce qu'on fait quelque chose en zazen ?
Si on dégage un plant de tomates pour qu'il pousse bien, est-ce que l'on fait quelque chose ? Est-ce que l'on fait pousser les tomates ? Si on ouvre une fenêtre pour aérer, est-ce que l'on fait rentrer l'air ? Non, l'air rentre tout seul. Si on fait zazen, est-ce que l'on produit de la sagesse ? Certainement pas et grâce à notre pratique de zazen, cette sagesse nous illumine, nous transforme. Petit à petit, dans notre vie quotidienne, dans nos pensées, nos actes ou nos paroles, elle transparaît. Maître Ejō le dit dans cette phrase : « À l'heure de votre naissance, kōmyō n'existait pas, à celle de votre mort elle ne disparaîtra pas. » Sans notre action déterminée à pratiquer, kōmyō ne surgit pas, ne se manifeste pas. Et pourtant, quand on cesse d'agir, kōmyō continue à resplendir.
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Dans la pratique de zazen, on demande souvent de tourner son regard vers l'intérieur. Cela veut dire que l'on ne regarde pas tellement autour de soi. Lorsqu'on rentre dans le dojo, on fait attention à son corps, à sa posture, à ses mains et on veille à se déplacer en harmonie avec les autres. Pour cela on a des manières dans le dojo, le gasshō, les déplacements. Puis on s'assoie en zazen et à partir de ce moment-là on est seul. On fait attention à sa posture, à sa respiration, on veille à ne pas suivre ses pensées.
Toujours on regarde vers l'intérieur.
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