Les liens mystérieux

Paul Hōjō Pichaureau

1 juillet 2023, 20 h

En japonais, kattō ce sont les lianes. Elles symbolisent les complications mentales, l'enchevêtrement des pensées. Maître Dōgen dit souvent que notre pratique consiste à couper kattō, couper les lianes. Il faut aussi savoir que les lianes peuvent couper les lianes. C'est-à-dire, explique maître Dogen, qu'il y a aussi des lianes qui nous lient à notre maître.

Je dirais qu'il y a aussi des lianes qui nous lient à la sangha, aux gens qui pratiquent autour de nous.

Il y a la multitudes des paroles, des pensées et des actes que nous faisons ensemble, dans le dojo, autour du dojo et au sein de la pratique. Ce sont des paroles, des pensées et des réflexions qui paraissent très superficielles et qui pourtant nous lient à la pratique et à la transmission de l'enseignement, aussi sûrement peut-être que la foi en zazen. Pratiquer au dojo c'est fréquenter des gens qui essaient de faire briller kōmyō, la lumière de l'enseignement, la lumière de la sagesse de Bouddha. Des gens qui, dans leur vie quotidienne, essaient de retrouver l'esprit de zazen. C'est une activité très profonde et très cachée aussi, qui n'est apparente qu'au dojo, dans les sesshin ou dans la sangha. Et quand je dis apparente : même là il faut de bons yeux pour la voir.

Kattō c'est surtout dans la bouche de Dōgen la fréquentation du maître. C'est-à-dire comprendre avec notre situation actuelle, notre corps et notre esprit de maintenant son enseignement. Maître Dōgen dit que dans ce cas-là maître et disciple sont identiques.

C'est assez mystérieux. Tout nous sépare apparemment du maître, il semble si différent de nous et nos paroles et nos actes semblent si différents des siens. Mais ce n'est pas grave dit Dōgen. C'est comme les disciples de Bodhidharma : l'un avait la peau, l'autre la chair, le troisième avait les os et le dernier avait la moëlle, chacun de ces quatre morceaux de Bodhidharma contient tout l'enseignement. Une petite flamme peut brûler du charbon, du coton, de la soie ou du pétrole, peu importe, c'est la même flamme, la même lumière.

Alors dans cet été de pratique, je vous souhaite de fréquenter les maîtres, la sangha, l'enseignement, à votre manière.

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